Cariatides engaînées, 134 rue de la Roquette

Cariatides engaînées, 134 rue de la Roquette XI eme arrondissement

Architecte, Brouilhony, 1861

La rue de la Roquette provient du chemin indiqué en 1672, qui, conduisait au couvent des Hospitalières de la Roquette. Arrivé à la hauteur de la rue Auguste Laurent, il se heurtait au couvent qu’il longeait et contournait par un quadruple coude à angle droit, représenté aujourd’hui par les rues Auguste Laurent, Mercoeur et de la Folie Régnault, alors appelée des Murs de la Roquette. Ces coudes furent supprimés en 1818 et l’on prolongea tout droit la rue de la Roquette jusqu’au mur des Fermiers Généraux au travers de l’ancien couvent. Cette percée, qui ne fut achevée qu’en 1827, fit disparaître la rue Saint André, indiquée en 1672. Elle commençait rue de la Folie Régnault, arrivait au boulevard de Ménilmontant, près de la barrière d’Aunay et continuait au - delà par une section devenue, en 1873, la rue du Repos.

Brouilhony réalisa en 1861 cet ensemble de trois immeubles juxtaposés, hauts de six étages. Le bâtiment central est bâti en pierre, les bâtiments latéraux en brique associée à la pierre blanche pour les bordures et les encadrements.

Ces derniers s’inspirent des styles Henry IV et Louis XIII, notamment de l’architecture de la place des Vosges. Ils se caractérisent par une surcharge décorative, propre au second Empire, mais que l’on retrouve également dans le répertoire stylistique Louis XIII. Au 130 rue de la Roquette, la façade présente une ornementation exubérante, telle que guirlandes de fruits et consoles à tête de lion. Le portail formé d’un arc en plein cintre, agrémenté de motifs de cuir découpés et d’une figure grotesque, dont les pattes de lion s’appuient sur le cadre.Au troisième étage, deux cariatides engainées surmontent les pilastres ouvragés de cet immeuble de troisième classe, ce qui est inhabituel. Les ferronneries des balcons reproduisent des modèles Louis XIV. La façade de l’immeuble située boulevard Voltaire est rehaussée de frises sculptées, de pots à feu, de pilastres bicolores en brique et pierre. Ce gros immeuble de rapport fut publié en 1861, année même de sa construction, dans l’anthologie de Théodore Vacquier: Maisons les plus remarquables de Paris, 1861. Cela vient d’une situation exceptionnelle au débouché de l’ancienne place du Prince Eugène (aujourd’hui place Léon Blum) qui a appelé un traitement particulier, bien qu’il s’agisse d’un immeuble de troisième classe, en raison de sa moindre qualité constructive. A la pointe d’un îlot complexe, il forme composition avec deux autres : sa façade principale est dessinée dans le fil de l’avenue Ledru Rollin, avec un retour d’un côté, sur la rue Godefroy Cavaignac et de l’autre sur la rue de la Roquette. Par delà l’immuable mitoyen, ce retour fait pendant avec un second immeuble de deuxième classe, de style «Henri IV», dont la façade principale s’ouvre sur le 130 boulevard Voltaire. Ces deux retours à la vive polychromie encadrent un troisième immeuble au 132 de la rue de la Roquette, traité en style première Renaissance et qui fait face, en oblique, à la mairie du XI eme arrondissement. L’architecte s’est soucié de créer une composition ternaire monumentale en fonction de la situation urbaine exceptionnelle au goût romantique pour le style. Avec son beau portail maniériste, ses chaînes de pierre harpées se détachant sur les trumeaux de brique et ses cariatides, cette façade relève de l’éclectisme savant.