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Cariatides,atlantes, sculptures en façade à Paris
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24 mai 2012

Atlante et cariatide 3 rue de Palestro

Atlante et cariatide en pied 3 rue de Palestro III eme arrondissement

 

3_rue_de_palestro_02

Architecte, Henri Blondel, Sculpteur Aimé Millet, 1860

Rue de Palestro

 Cette rue a été ouverte, en 1854, entre les rues de Turbigo et Greneta, et, en 1858, entre les rues Greneta et du Caire ; cette dernière partie traverse l’emplacement de l’hôpital de la Trinité. Son nom, de 1859, est celui de la victoire remportée sur les Autrichiens par l’armée franco – sarde en 1859. Elle a absorbé la primitive rue du Bourg l’Abbé qui commençait rue aux Ours et finissait rue Greneta. Sa partie située entre le passage Bas Four et son n° 20 et 22 est sur l’emplacement de la petite bande de terrain du cimetière de la Trinité qui avait été accordée de 1576 à 1685 aux protestants. [1]

Comme suite à l’édit d’Amboise, une petite bande de terrain de 63 toises, sur les 1180 que contenait la cimetière de la Trinité, bande située dans la partie nord de ce cimetière, soit au débouché du passage des Bas Four que dans la rue de Palestro (de 1858) fut affectée, de 1576 jusqu’à la révocation de l’Edit de Nantes (1685) à l’inhumation des protestants. Ils ne devaient y être enterrés qu’une demi - heure  avant le lever du soleil ou une demi – heure  après son coucher (Cette prescription déclencha, lors de l’enterrement d’un enfant huguenot, une bagarre, en juin 1611, celui – ci ayant eu lieu après le coucher du soleil alors qu’il faisait encore jour). Une palissade en bois séparait le cimetière des huguenots de celui des catholiques. Le prix de l’inhumation d’un protestant avait été fixé comme suit  en 1600 : 2 écus pour l’archer du guet  qui accompagnait le convoi, un demi – écu pour chacun des porteurs, 10 sols au fossoyeur pour tenir ouverte la nuit la porte du cimetière, et 20 sols pour l’ouverture de la fosse.[2]

Rue du Bourg l’Abbé

Cette rue s’est appelée lors de son ouverture, en  1829, et, jusqu’en 1881, rue Neuve du Bourg l’Abbé, car il existait, depuis le XII eme siècle, une rue du Bourg l’Abbé qui reliait les rues aux Ours et Greneta. La rue Neuve du Bourg l’Abbé commençait rue Saint Martin et se terminait dans cette rue du Bourg l’Abbé que le boulevard  de Sébastopol a absorbée. Ce nom de « Bourg l’Abbé » était celui d’un hameau qui, situé à l’extérieur du mur de Philippe Auguste était une dépendance de l’abbaye de Saint Magloire. La primitive rue du Bourg l’Abbé en était la rue principale ; elle fut longtemps un lieu  de débauche « les habitants de ce quartier ont eu longtemps la réputation d’être débauchés et lourds d’esprit ; ils étaient même désignés par un proverbe bien connu : ce sont des gens de Bourg l’Abbé ; ils ne demandent qu’amour et simplesse »[3]

Elle recevait sur son côté droit , à son n° 34, le passage de l’Ancre Royale qui aboutissait à l’ex.223 de la rue Saint Martin, puis, à son n° 42, une rue également très mal fréquentée, la rue du Pet, appelée aussi rue des Innocents , puis du Grand Hurleur, qui aboutissait entre les ex n° 231, 233 de la rue Saint Martin . Ce nom  de Grand Hurleur venait de l’altération du nom d’un particulier Hue Leu (ou Hughes Loup) qui y avait vécu au XII eme siècle. La rue du Bourg l’Abbé recevait sur son côté gauche, à son n°11, le passage Saucède, ou de la Croix Blanche qui aboutissait  à l’ex 222 de la rue Saint Denis et, à son n° 17, la rue du Petit Hurleur qui aboutissait à l’ex n° 230 de la rue Saint Denis ; cette dernière rue s’était aussi appelée , en 1242, 1313, et, même en 1540, Jean palée, du nom du fondateur de l’hôpital de la Trinité.

Passage du Bourg l’Abbé

L’entrée du passage du Bourg l’Abbé, donnant sur la rue de Palestro, a été construite par Henri Blondel au début des années 1860, après le percement de la rue de Turbigo et la destruction de la partie est de la galerie. L’arcade d’accès, qui englobe le rez – de chaussée et l’entresol de l’immeuble, est flanquée de deux cariatides de facture classique. Les sculptures supportant le balcon du I er étage, servent d’enseigne à l’immeuble et symbolisent l’Industrie (à gauche) et le commerce (à droite) et sont dotées de leurs attributs respectifs. A la clef, une ruche inscrite dans un cartouche traduit, elle aussi, l’activité économique du passage. Le drapé du vêtement est d’une facture agréable  mais la composition reste statique, il ne s’en dégage aucun mouvement. La décoration est végétale et leur pose typiquement celle de la cariatide grecque servant de support à entablement. Leur fonction consiste clairement à exalter le commerce et l’industrie, cela bien dans l’esprit du XIX eme siècle. On a l’impression que la préoccupation artistique et créative a fait place à une sorte de message utilitariste exaltant la grandeur de la valeur d’échange de la marchandise et de l’activité commerciale qui y est liée. Ce qui est significatif des passages parisiens de cette époque qui sont avant tout des lieux de commerce et d’échange. Cela explique leur manque de fantaisie et d’originalité, malgré la qualité indéniable de leur exécution.  Il est d’ailleurs significatif qu’on ne les remarque pas au premier abord, qu’elles contraignent à lever la tête pour mieux les voir ; elles ne nous parlent pas, ce qui est le cas de nombre de ces sculptures, ce qui traduit un goût très conservateur caractérisant cette époque d’expansion du capitalisme qui craignait la nouveauté et s’en tenait à des valeurs bien établies. Les statues, datées de 1863, ont été sculptées par Aimé Millet, auteur du Grand Apollon de l’Opéra de Paris et qui fut souvent sollicité par les constructeurs parisiens. Henri Blondel reprendra en 1869 le dispositif de la rue de Palestro pour une maison de rapport construite au 15 rue du Louvre (I er arrondissement) mais donnera plus d’ampleur à sa composition en doublant l’arcade d’entrée et en accompagnant l’ouverture de puissantes figures d’atlantes.



[1] Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, T II, Paris, Minuit 1963, p.224.

[2] Jacques Hillairet, Dictionnaire historique des rues de Paris, T I p.149

 

[3] Voir : Léon Lesage, Les expropriations de Paris, Gazette des tribunaux 11 et 12 avril 1867, Paris 1913, p.319

 

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Cariatides,atlantes, sculptures en façade à Paris
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